Reportage / Tang Xianzu (Chine): Sur les traces du Shakespeare de l’Orient

522

Tang Xianzu est sans doute l’une des figures littéraires les plus emblématiques de la Chine. Poète, dramaturge, magistrat, éducateur et ardent défenseur des causes justes, l’homme qui a vu le jour le 24 septembre 1550 à Linchuan dans la province du Jiangxi (sud-est) a marqué la littérature chinoise depuis le 16e siècle jusqu’à nos jours. Sa pièce la plus célèbre, Le pavillon aux pivoines, est régulièrement jouée dans les opéras en Chine et dans le monde. Surnommé le Shakespeare de l’Orient, Tang Xianzu a également publié quatre autres pièces intitulées Quatre rêves de Yumintang. Il est également auteur, entre autres, d’un recueil de poèmes, Source écarlate, herbe sereine et d’une pièce inachevée, La flûte pourpre.
Les sentiments et le rêve ai cœur de son œuvre
Dans ses pièces, le dramaturge Tang Xianzu consacre une part belle aux sentiments et au rêve. Par exemple, l’intrigue de la pièce, Le Pavillon aux pivoines, est construite autour de l’amour et du rêve. Dans cette œuvre au succès éternel, il est question d’une fille, d’une noble famille qui tombe follement amoureuse dans son rêve d’un jeune homme qu’elle n’a jamais vu. Dans la réalité, il lui est difficile de vivre cette passion. Rongée par le chagrin de cet amour impossible, la belle Du Liniang sombre, inconsolable, dans une dépression. Elle meurt et est enterrée dans le pavillon aux pivoines.
Dans la deuxième partie de la pièce, l’amoureux auquel Du Liniang a rêvé existe réellement. Ce dernier du nom de Liu Mengmei se retrouve un jour au pavillon où se trouve la tombe de la fille. Il s’endort et Du Liniang lui rend visite en rêve et lui demande d’ouvrir le cercueil. Du Liniang est ressuscitée et rencontre enfin son amoureux. Les pièces de Tang Xianzu se terminent généralement par un happy end. A Fuzhou, l’héritage de ce talentueux dramaturge est bien préservé.
Un musée perpétue sa mémoire
En plein centre-ville de Fuzhou dont relève Linchuan, un musée gigantesque perpétue la mémoire du grand artiste Tang Xianzu. Une haute et majestueuse statue du poète-dramaturge accueille les visiteurs dans cet espace culturel. A l’intérieur du musée toutes les étapes de son parcours artistique et professionnel de l’artiste sont représentées. Des scènes de la représentation du Pavillon aux pivoines racontent brièvement l’histoire.
Dans un compartiment du musée, l’on fait littéralement dialoguer Tang Xianzu et Shakespeare. Des œuvres et des photos du dramaturge anglais trônent à côté de son contemporain chinois. Une statue montre les deux artistes se faisant magistralement face. Tout un symbole du dialogue des cultures.

En plus de son activité littéraire, Tang Xianzu s’est consacré aussi à l’éducation. Il a non seulement inculqué du savoir-faire et du savoir-vivre aux populations, mais a fondé des écoles. Aux dires d’un guide, le dramaturge prônait dans ses enseignements la droiture morale, la sobriété, l’humilité, le sens du sacrifice et l’intégrité. Décédé le 29 juillet 1616 à l’âge de 65 ans, la même année que Shakespeare, Tang Xianzu a souhaité qu’on lui réserve des obsèques sobres. Comme le dit l’adage populaire, un artiste ne meurt jamais. En voyant les petits écoliers arpenter les différentes salles du musée, l’on peut parier que Tang Xianzu vivra encore à travers les âges. Et à coup sûr, son génie va inspirer de futurs dramaturges tant son œuvre demeure d’actualité.

Karim Badolo (CGTN Français)