Transition Écologique: Quels Sont Les Intérêts De L’Afrique ?

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(Note de l’éditeur : Cet article reflète le point de vue de l’auteur Gagne O’scawn Pierre Pibarod et pas nécessairement celui de CGTN.)

Alors que la transition écologique est au centredes débats, il convient à l’Afrique de se poser la bonne question, afin d’adopter la meilleurestratégie. « Quels sont les intérêts de l’Afriquedans la transition écologique ? » Telle est la question à laquelle nous tenterons d’apporter uneréponse.

L’intérêt de l’Afrique dans la transition écologique réside d’abord dans le principe. Un célèbre proverbe africain dit ceci : « Quand la maison de ton voisin brûle, hâte-toi de l’aider à éteindre le feu, de peur que celui-ci ne s’attaque à la tienne ». À majorité composée de pays dits« en voie de développement », l’Afrique se doit de prendre position contre tout narratif qui auraitpour résultat de limiter l’émergence d’une nation en développement, au profit de maintenirl’hégémonie d’une autre. L’intérêt de l’Afrique, à court et à long terme, c’est de garantir le principeque toute nation puisse choisir librement la voiede développement adaptée à ses réalités locales, sans faire l’objet de campagne visant à réduire sacompétitivité. Les récentes allégations de « surcapacité » émises contre la Chine, ne sontpas sans rappeler le fait que plusieurs pays africains ont été, et continuent d’être qualifiés de « démocraties » ou de « dictatures », sur base de critères plus ou moins discutables, le plus souvent au gré des intérêts des pays à la base de ces affirmations.

Soyons clairs : l’intérêt de l’Afrique n’est pas de prendre position pour un partenaire contre un autre partenaire, mais de défendre des standards justes appliqués à tous. Les pays africains n’ontaucun intérêt à alimenter une crise entre deux puissances économiques mondiales. Défendre un principe, tout en prônant la coopération plutôtque la compétition, voilà la vision dans laquelledevraient s’engager les pays africains, une vision que semble également partager par la Chine à encroire les récentes déclarations du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangèresWang Wenbin, qui a appelé à des efforts pour parvenir à un partenariat « gagnant-gagnant », plutôt qu’à une situation de « perdant-perdant ». Cette communauté de vision et d’intérêt est un fondement important pour la coopération sino-africaine dans le domaine des énergies nouvelles.

Au-delà de la question de principe, l’intérêt de l’Afrique est également économique. L’Afriquepossède plusieurs ressources minéralesindispensables pour parvenir à une transition énergétique mondiale : les batteries des véhiculesélectriques nécessitent du lithium, cobalt, ouencore du nickel ; la production d’énergiephotovoltaïque, quant à elle, nécessite du silicium, de l’argent, et du cuivre. L’intérêt de l’Afrique est de tirer des leçons des précédentesrévolutions industrielles, pour se repositionnercette fois sur l’échiquier international grâce à sesressources, et mobiliser les moyens financiers nécessaires à son développement. L’intérêtéconomique de l’Afrique, c’est aussi de pouvoirfournir à sa population et à son industriecroissante de l’électricité à bas coût, ainsi que des produits à énergie nouvelles. Les énergiesrenouvelables offriraient la possibilité de fournirde l’électricité aux Africains qui en sontactuellement privés, une population estimée à 600 millions en fin 2021, soit 43 % de la population. Des projets d’envergure, ou encore des produits de nécessité comme les pompesd’irrigation à énergie solaire réduiraient non seulement le coût de l’électricité, maispermettraient également de créer des emplois, et de favoriser l’industrialisation.

Ces dernières années, dans le cadre de l’Initiative« la Ceinture et la Route », la Chine s’estimposée comme un acteur majeur sur le continent africain dans le domaine des nouvellesénergies, notamment grâce à des réalisationscomme le projet éolien développé par la Chine près de De Aar en Afrique du Sud. Comme les partenaires traditionnels occidentaux des pays africains, la technologie dans le domaine des énergies nouvelles confère à la Chine des atoutsqui complètent les atouts environnementauxnaturels de l’Afrique. Mais ce qui distingue la Chine dans son partenariat avec l’Afrique, c’estson succès relativement récent dans l’amélioration des conditions de vie de sapopulation, notamment grâce à la construction d’infrastructures électriques. En plus de son expérience dont pourrait s’inspirer l’Afrique, cesont surtout ses produits fiables, compétitifs, à des coûts défiant toute concurrence, ainsi que la formation et l’échange de talents dans les domaines de la technologie et de l’énergie, qui établissent la Chine comme un partenaire qui répond aux intérêts des pays africains.

Sur la question de la transition écologique, l’intérêt de l’Afrique est enfin et surtout écologique. L’Afrique est l’une des régions du monde qui subit les plus graves conséquences de changement climatique, notamment par des inondations fréquentes, des sécheresses, et des fortes vagues de chaleur. Même si l’Afrique ne contribue qu’à moins de 4 % aux émissions de gaz à effet de serre, les défis écologiques sur le continent n’en sont pas moins urgents. En 2019, près d’un milliard d’Africains n’avaient pas accèsà des combustibles de cuisson propres, entrainantdes conséquences néfastes sur l’environnementcomme la déforestation, et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Sur le long terme, en plus de solutionner la crise énergétique, les pays africains ont tout intérêt à protéger leur environnement écologique, afind’atténuer les effets du changement climatique. Et cela, les autorités chinoises l’ont bien compris. En 2023, lors du premier sommet africain sur le climat qui s’est tenu à Nairobi, la Chine s’estengagée à mettre en œuvre un projet de coopération Sud-Sud baptisé « Ceinture lumineuse africaine », dont l’un des grands objectifs sera de contribuer à réaliser un développement vert et à faible émission de carbone. Réaliser un partenariat Chine-Afrique soucieux de l’environnement en Afrique, seraitune belle démonstration du développement de haute qualité dont la Chine entend faire bénéficier l’Afrique, et un moyen efficace de préserver ses intérêts sur le continent. Il reste à espérer que les pays africains prendront les mesures nécessaires pour garantir leurs propresintérêts, car ce n’est que lorsque les deux partenaires veillent sur leurs intérêts à court et à long terme, que le partenariat est véritablementgagnant-gagnant.

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(Photo : VCG)