Niger : Une Délégation De La CEDEAO Reçue À Niamey Grâce À La Discrète Diplomatie Du Président Faure Gnassingbé

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Enfin, une lueur d’espoir au Niger. Pour la première fois depuis le début de la crise dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, une délégation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a pu rencontrer les nouvelles autorités du pays et discuté avec le président renversé du Niger, Mohamed Bazoum, à Niamey. Après plusieurs semaines de refus des nouvelles autorités nigériennes de recevoir les émissaires de la CEDEAO, c’est désormais chose faite. Selon le correspondant de RFI et de France 24, Serges Daniel, cette rencontre a été rendue possible grâce à une discrète médiation, du Président du Togo, Faure Gnassingbé. “D’après ce qu’on sait c‘est le président du Togo, Faure Gnassingbé qui a joué un rôle discret pour que Niamey ouvre cette fois-ci grandement ses portes aux envoyés de la CEDEAO”, a avancé Serges Daniel au micro de France 24.

Et effectivement, la délégation, dirigée par l’ancien président du Nigeria, Abdulsalami Abubakar, est arrivée à Niamey après une réunion des chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao à Accra. À leur arrivée, ils ont été accueillis à l’aéroport par le nouveau Premier ministre, Mahamane Lamine Zeine.
Au cours de cette rencontre, le président renversé Mohamed Bazoum était accompagné de ce dernier. Les détails de la discussion n’ont pas été divulgués, mais il est rapporté que les émissaires de la Cédéao étaient venus observer les conditions de détention du président renversé et pour transmettre un message clair : le retour à l’ordre constitutionnel au Niger.

Avant cette rencontre avec Bazoum, la délégation de la Cédéao avait déjà rencontré les nouvelles autorités, dont le général Tiani. Le but de cette mission était de favoriser un retour à la stabilité constitutionnelle dans le pays. Il a été signalé qu’à la demande des militaires au pouvoir, une autre rencontre avec l’ancien président du Niger, Mahamat Issoufou, était prévue.

Notamment composée du président de la Commission de la Cédéao, cette délégation avait déjà effectué une visite à Niamey peu après le coup d’État initial, mais elle avait été mal accueillie et n’avait pas quitté l’aéroport. Cette fois-ci, grâce aux efforts discrets du président togolais, Faure Gnassingbé, la délégation a pu entrer plus largement dans la capitale nigérienne et mener ses discussions avec les autorités en place.

D’après les informations, le Togo joue un rôle discret dans la normalisation de la situation à Niamey et le retour à l’ordre constitutionnel. Un rôle qui est parfois mal vu et mal interprété par certains pays de la sous-région.

Pour autant, selon plusieurs analystes, la diplomatie togolaise tient le bon bout. La position du Président Faure Gnassingbé, lui permet de servir de tampon entre les bellicistes et les nouvelles autorités nigériennes. Il faut quelqu’un pour permettre aux deux camps de se sauver la face d’une manière ou d’une autre comme il l’a fait dans l’affaire des militaires ivoiriens arrêtés au Mali. Si le Chef de l’Etat togolais prend, de façon tranchée, position pour un camp, ou s’il désavoue carrément un camp, il risque de griller ses cartes. Pour le moment, le Président Faure Gnassingbé tient le bon bout : non seulement les nouvelles autorités nigériennes peuvent avoir confiance en lui pour d’éventuelles discussions avec la communauté sous-régionale mais aussi ses paires de la CEDEAO peuvent se rabattre sur lui pour se sauver la face.

Il faut rappeler que c’est grâce à cette diplomatie discrète du Togo que la crise des militaires ivoiriens arrêtés au Mali a été dénouée entre Abidjan et Bamako.

Forum de la Semaine et AfreePress