ÉDITORIAL: FAURE S’IMPOSE COMME LE PLUS GRAND PARMI LES GRANDS, EN ÉVITANT LE CHAOS À LA CEDEAO

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Ce qui fait un grand homme, ce sont les circonstances, disait le général de Gaulle.
Et, Malraux de poursuivre : lorsque les circonstances viennent de donner entièrement raison à un homme, il n’est pas seulement un grand homme, mais un HOMME HISTORIQUE.
Tout en lui indique le possesseur légitime d’une ÉVIDENCE providentielle. Il est né prince par la destinée ; le voilà devenu grand serviteur de la paix et à l’écoute de tous. Il a désormais pour lui les trois conditions suprêmes : l’événement, c’est-à-dire les circonstances, la persévérance, c’est-à-dire la foi, et la consécration, c’est-à-dire la confiance et la reconnaissance des hommes, car il avait vu juste. J’ai nommé M. Faure GNASSINGBÉ, président de la République togolaise.
Le sage qui apaise les tempêtes et désarme les conflits, tel Confucius, et dont l’esprit de concertation et de médiation semble être le génie créateur d’apaisement et de perspectives partout reconnu. Oui ! Le président Faure est incontestablement entré dans la mémoire collective de l’Afrique n’en déplaise à certains- ! comme celui qui n’aura eu de cesse, par la primauté de sa lucidité prospective et la viscéralité d’une humanité fondamentale, d’opposer la paix à la guerre, d’imposer le dialogue à la rancune, de parler un langage de cœur à des robots technocrates face aux sanctions assassines. En définitive, d’opposer tout simplement la prééminence de la vie sur la destruction massive de vies innocentes fondues dans l’enfer d’un Sahel cuisant.


Et le président Faure, sur la lancée humaniste exemplaire d’un Victor Hugo, s’est-il précisément inspiré de cette angoisse de l’échec, qui est au cœur de la littérature comme elle au cœur de l’histoire collective et de la vie individuelle des hommes ? Il me semble que oui ! Et c’est encore plus précisément cette angoisse-là qui justifie son immersion totale dans la résolution des crises qui secouent le continent.
En effet, à cette 53éme session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement, qui s’est tenue à Abuja le samedi 24 février, dans les conditions nécessairement les plus tendues et les plus nécessairement émouvantes, car il devait y flotter sur les consciences une obligation de charge d’âmes, et à l’issue de laquelle il a donc été décidé la levée avec effet immédiat des sanctions contre le Niger, c’est indirectement la question cruciale même de la place de l’humain dans le monde qui était dans les subconscients. La place du succès et de l’échec, de la victoire et de la défaite.
Les passions changent. Il faut croire que même le pouvoir, sous la pression des circonstances est soumis aux mêmes opérations chimiques qu’opère la postérité : les détails s’estompent, les lignes de force prennent du relief, une vérité nouvelle peu à peu se fait jour. Et cette vérité-là, n’est en fait que la constatation d’une ÉVIDENCE qui s’impose.
Il y entre – pourquoi ne pas l’avouer – une sensation de soulagement en nous tous, frères et sœurs africains.
On a le sentiment d’avoir échappé, sinon à un naufrage, du moins à une de ces cuisantes humiliations dont l’existence même de la CEDEAO eût cédé sous les déferlements de la honte.
L’éclairage doré de cette décision peut donner l’illusion que l’on est sur un certain point sorti d’affaire : non ! C’est dès alors qu’il faut intensifier les dialogues, réunir tous les peuples africains à l’intérieur d’un même rêve réaliste. Ni la misère ni le déficit démocratique dont souffrent tant d’âmes, ni cette obscurité visionnaire dont souffrent certains dirigeants africains ne sauraient constituer des raisons de ne pas y croire. Une lumière parmi le continent s’est levée. Elle est forte, elle est FAURE. Elle tient la boussole. Tout concourt dans cet instant solennel à conjurer, à force de lumières, de dialogue, d’un peu plus de fraternité le pernicieux démon de l’échec dont la seule pensée doit nous glacer car elle est associée à la mort.
Aussi voudrions-nous trouver dans ce temple de la CEDEAO, temple initial de la fraternité entre les peuples, qui n’est peut-être pas encore tout à fait celui de la sagesse, mais des passions en voie d’apaisement, un climat de tolérance et de compréhension.
Le GCE Cyr ADOMAYAKPOR