70e Anniversaire De La Conférence De Bandung : le Sud Global Doit Désormais Agir Ensemble Pour Façonner Leur Avenir

Cette année marque le 70e anniversaire de la Conférence de Bandung. Du 18 au 24 avril 1955, 29 pays asiatiques et africains se sont réunis à Bandung en Indonésie, dans la fièvre de la lutte pour l’indépendance des pays sous le joug colonial et sur fond de la Guerre froide. Les nations libres d’Asie et d’Afrique ont décidé de faire entendre leur voix sur la scène internationale. Ils appelaient au respect de la souveraineté des États et à la fraternité entre les peuples du monde.
La Conférence de Bandung a permis aux pays du Sud de se faire entendre sur l’échiquier mondial. Il y a eu lieu de préciser que la Conférence de Bandung a pris en compte les Cinq Principes de la Coexistence pacifique qui avaient été élaborés par la Chine et l’Inde dans le cadre d’une cohabitation de bon voisinage en juin 1954. Les Cinq Principes de la Coexistence pacifique, faut-il le rappeler, sont le respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, la non-agression mutuelle, la non-ingérence réciproque dans les affaires intérieures, l’égalité et avantages réciproques et la coexistence pacifique. Après 70 ans, face à une situation internationale actuelle marquée par des risques de récession économique, de crises sécuritaires et même civilisationnelles, les idéaux de paix et de fraternité demeurent d’actualité. Les pays du Sud global sont devenus des acteurs incontournables sur la scène mondiale. Ils continuent d’appeler à la multipolarité dans les relations internationales et à la souveraineté de tous les pays.
Pour marquer le 70e anniversaire de la Conférence de Bandung, CGTN Français a invité Isaac Bazié de l’Université de Québec à Montréal et fondateur de l’institut des études afro-asiatiques et internationales (AFRASI) à Ouagadougou au Burkina Faso, DarwisKhudori de l’Université Le Havre Normandie en France, initiateur et coordonnateur du réseau Esprit Bandung et Wu Zexian, commantateur de CGTN Français, pour échanger ensemble de l’importance de la Conférence de Bandung, la nécessité de respecter les Cinq Principes de la Coexistence pacifique et l’impératif de renforcer la coopération et la cohésion des pays du Sud global. Des confrères africains nous ont également fait parvenir leurs opinions par vidéo et par écrit.

Pour le Prof. Isaac Bazié, la Conférence de Bandung est importante dans la mesure où elle a permis aux pays asiatiques et africains de se soustraire de la tutelle de l’Occident pour penser à leur avenir, d’agir en toute solidarité sur l’échiquier mondial. « Cette conférence était importante, et elle demeure à plus d’un titre. Premièrement, parce que c’est bien la première fois que l’Afrique, l’Asie, et donc cette expérience commune qu’elles ont de la colonisation, de l’hégémonie occidentale, se retrouvent en dehors de l’Occident pour, ensemble, solidairement, penser à leur avenir et essayer de se projeter sur la scène internationale avec un agenda qui leur est propre et qui ne leur est pas imposé », a-t-il déclaré.
Pour sa part, le Prof. Darwis Khudori soutient que la Conférence de Bandung a affirmé clairement l’émancipation des pays asiatiques et africains, fondée sur les intérêts des peuples. Ils doivent désormais agir ensemble pour façonner leur avenir. Il a indiqué : « Il faut que le pays, ce qu’on appelle le pays du Sud, Afrique, Asie, Amérique latine et les pays non occidentaux de façon générale, collaborent pour que la science et la technologie soient partagées, pour que la finance soit partagée, etc. Il faut aller au-delà de juste bavardage, mais il faut traduire nos pensées, nos connaissances, nos réflexions dans les actions. »

Le Directeur de l’Hebdomadaire burkinabè « La Lettre du Faso Raogo » Hermann Ouédraogo a souligné que « 70 ans après la tenue de la rencontre de Bandung, des Africains, notamment les jeunes, estiment que la vraie indépendance reste encore à conquérir pour leur continent. Pour cette frange de la population, le temps de l’affirmation serait donc venu. De ce fait, l’exemple de l’émergence économique des dragons d’Asie et de celui de la Chine, qui ont su tirer leur épingle du jeu, suscitent de l’admiration mais également des réflexions sur le modèle de développement adéquat pour l’Afrique. »
Quant au journaliste béninois Héribert-Label Élisée Adjovi, il a déclaré que la Conférence de Bandung avait ouvert la voie à un monde multipolaire. Selon lui, le Sud global doit s’approprier l’esprit de Badung et formuler des propositions concrètes en faveur d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Selon lui, « Aujourd’hui, nous sommes dans une situation générale de crise économique, de crise sécuritaire, de crise sanitaire, même de crise civilisationnelle, et je crois que c’est l’occasion également que le Sud global fasse des propositions concrètes, notamment comme celle faite par la deuxième économie du monde, c’est-à-dire la Chine, à travers le président Xi Jinping, qui fait des propositions concrètes pour une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. »

Pour le commentateur de CGTN Français, Wu Zexian, la Conférence de Bandung a contribué énormément à l’évolution du monde. À l’entendre, il faut toujours faire valoir les Cinq Principes de la Coexistence pacifique pour que les pays du monde entier vivent en solidarité et en coopération. Il a dit : « Vous savez, dans les circonstances actuelles, il y a des pays qui veulent suivre une politique de rupture et de décollage sur le plan économique et sur le plan politique. Certains pays suivent une politique du puissant, qui veulent prendre le territoire des uns et des autres. Donc, les Cinq Principes de la Coexistence pacifique sont aujourd’hui particulièrement valables pour bien gérer les relations internationales face à ce genre de menaces qui sont très présentes. Notre planète est unique, nous vivons ensemble sur la même planète. Donc, nous sommes condamnés à vivre ensemble, en solidarité, en coopération. »
70 ans après, l’héritage de la Conférence de Bandung a été un levain pour les pays du Sud d’agir en solidarité et de faire entendre leur voix sur la scène internationale. Le Sud global continue de renforcer ses liens en multipliant les plateformes de coopération en faveur d’un monde multipolaire et inclusif. L’esprit de Bandung rayonne aussi à travers la contribution intellectuelle des chercheurs du Sud. Certes, le chemin est encore long pour la souveraineté économique, financière, culturelle et technologique dans de nombreux pays du Sud, mais l’avènement d’économies et de cultures alternatives et fortes est inévitable.
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