Activisme Et Expertise Autoproclamée

Trois universitaires togolais, réunis dans une nébuleuse baptisée « Nouveau Contrat Social », se sont récemment illustrés par une prise de parole publique dressant un bilan à charge des trente premiers jours de la 5e République.

Ils ciblent la mise en place des nouvelles institutions ainsi que l’absence de nouveau gouvernement.

Adoptant un ton péremptoire, dramatique, voire alarmiste.

Et un vocabulaire marqué par des formules chocs telles que « monarchie inédite » ou « République mort-née », censées frapper les esprits mais dénuées de toute rigueur juridique ou institutionnelle.

Derrière le vernis universitaire, leur posture interroge.

Ces intellectuels se revendiquent d’une expertise qu’aucune institution ne leur reconnaît formellement, si ce n’est leur titre d’enseignant-chercheur.

Or, à force de multiplier les analyses médiatiques sans base juridique solide, ils participent à entretenir un climat de défiance politique sans jamais proposer une alternative crédible, ni un cadre d’action concret.

Ce brouillage des rôles, entre le chercheur, le militant et le tribun, est problématique.

Il réduit la parole universitaire à une posture d’opposition systématique, là où on attendrait d’elle un minimum de distance critique, de nuance et surtout, de responsabilité.

Car en se substituant aux mécanismes institutionnels de contre-pouvoir par voie de conférences de presse répétitives, ces intellectuels alimentent la polarisation au lieu de favoriser un débat démocratique serein et argumenté.

Critiquer, oui, c’est même salutaire.

Mais encore faut-il que la critique repose sur des faits, une méthodologie rigoureuse et une volonté de contribuer à la construction nationale.

Autrement, elle ne devient qu’un exercice de posture, un théâtre d’ego, voire un cheval de Troie de l’agitation politique.

Le Togo mérite mieux que des diagnostics à l’emporte-pièce.

Il mérite des penseurs capables de conjuguer exigence intellectuelle, éthique du débat et sens des responsabilités.

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